Ça marchera jamais

« Pourquoi tombons-nous Bruce ? Pour apprendre à mieux nous relever. » Batman

Les super-héros avaient Batman, les super-zéros auront ça marchera jamais. Qui peut se vanter de n’avoir jamais échoué ? de n’avoir jamais douté ? d’être prêt à se présenter devant l’Éternel en winner patenté ? Certainement pas Nicolas Ramond. Loin de s’en cacher, le metteur en scène va même, dès le début du spectacle, jusqu’à nous exposer sa trombine un peu chagrine, face caméra, pour nous faire part des interrogations entourant son processus de création. Du pathos artistico-nombriliste en culture hydroponique à tendance métaphysique ? On ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité. D’abord parce que ses questions sont aussi les nôtres, celles de nos fragilités, de nos peurs et, en somme, de nos propres ratages. Ensuite, parce qu’ici, on apprend à se planter en beauté, avec une bonne dose d’autodérision. Et les deux comédiens présents au plateau vont prendre une part active à la réflexion. Très active, même : ils jouent, ils chantent, ils dansent et nous emportent avec eux dans une atmosphère de douce folie extravagante. Ils nous font rire autant qu’ils nous émeuvent, et on les quitte avec le sourire aux lèvres, la déprime enterrée au fond des chaussettes, et les oreilles encore pleines d’une séance de karaoké jubilatoire.