L'invraisemblable Mésaventure de Gregor Samsa

Gregor Samsa aurait préféré faire la grasse matinée. Mais un petit problème l’en empêche : voyez vous, Gregor a l’habitude de dormir sur son côté droit ; hélas pour lui, il s’est réveillé sur le dos, transformé en cancrelat et il a beau agiter ses innombrables pattes, il ne parvient pas à se retourner… C’est sur cette scène que s’ouvre La métamorphose de Franz Kafka, chef d’œuvre qui laisse la part belle à l’interprétation, et dont s’empare ici la compagnie Premier Acte, pour nous en offrir une version s’appuyant sur les outils du conte.

Au début du spectacle, les deux narrateurs commencent à nous raconter L’invraisemblable mésaventure de Gregor Samsa , unissant leurs voix à celle du récit et les scindant parfois, l’un prenant alors le parti d’évoquer l’intériorité humaine qui demeure derrière la carapace d’insecte du malheureux Gregor, l’autre se faisant le porte voix des membres de sa famille, dont les réactions oscillent entre tristesse, stupeur et colère, avant de se réunir dans l’indifférence. Et c’est là, peut être, que se situe la plus grande qualité de cette adaptation : donner à voir la véritable métamorphose dont parlait Kafka, c’est à dire celle terriblement des proches de Gregor, quand ils se retrouvent face à ce qui n’est, au fond, qu’une modique altération d’ordre esthétique.