Azaline se tait

En 2024, la CIIVISE* fait état de trois enfants par classe victimes d’inceste. Si l’inceste est une réalité, le tabou qui l’entoure en est une également. 

Azaline joue dans la cour d’école. Dans ses jeux inspirés de célèbres contes, il y a un loup. Les destins de Blanche-Neige ou de Cendrillon sont autant d’alertes pour ses camarades : un prédateur rôde dans les nuits de la petite fille. 

En mettant en scène ce texte de Lise Martin, Émilie Le Roux nous interpelle. Dans une société où des individus peuvent être des prédateurs, pourquoi est-il jugé sensible d’aborder ce sujet avec celles et ceux qui peuvent en être les proies ? Sans dire mais en racontant, Azaline s’extrait dans l’imaginaire pour affronter sa réalité. Dans l’intimité du foyer, musiques et danses se heurtent aux murs des silences et des corps empêchés, et retrouvent toute leur liberté dans la cour de l’école. 

L’histoire sensible et nécessaire d’une enfant condamnée à la nuit, qui nous alerte sur l’urgence de libérer la parole. Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas des loups dans la forêt que celle-ci n’est pas habitée.