Le Grand Sommeil

Fidèle à son travail sur l’enfance, Marion Siéfert présente le solo qu’elle avait mis en scène avant Daddy. Et considère pleinement les émotions d’une enfant pour ne pas l’enfermer dans une vision d’adulte. Puissant et troublant.

Représenter le lien adulte-enfant autrement qu’à travers la rivalité ou le classique rapport mère‑fille : tel était le projet initial de Marion Siéfert. Elle voulait réunir sur scène la comédienne et performeuse Helena de Laurens avec Jeanne, sa petite cousine de 11 ans. Cependant, en raison de la législation sur le travail des enfants, cette dernière n’a pas pu monter sur scène. Helena de Laurens devient finalement un duo à elle seule, un être hybride, qui interroge notre rapport à la norme et ce qu’il faut transgresser pour grandir. Avec son corps élancé, cette « enfant grande » déploie ses mouvements chorégraphiés et ses grimaces à l’extrême pour évoquer la peur, le plaisir ou la méchanceté. Marion Siéfert, autrice et metteuse en scène, explore depuis toujours la manière dont les enfants sont percutés par les adultes et livrés à eux‑mêmes sur les réseaux sociaux.
Après Le Grand Sommeil, elle a également rencontré un franc succès avec jeanne_dark (interprété par Helena de Laurens là encore), spectacle pensé pour Instagram en plein Covid, puis avec Daddy sur la pédocriminalité à l’ère du numérique.